kay - l'amitié commence là où naît la conversation

L’amitié commence là où naît la conversation

Kay & Dolly

Camilla vient tout juste de terminer son gâteau, le visage baigné par une certaine fierté. Dolly l’a aidée, naturellement, en suivant les consignes et les conseils. Elle aurait voulu pouvoir y goûter, mais elle sait que ça ne serait pas bon pour elle. Elle gratifie Camilla d'un sourire, plutôt fière elle aussi de l'apparence de la pâtisserie. Les Jones reçoivent peu, mais quand ils le font, tout est toujours parfait. Rien n'est laissé au hasard, cela venant probablement du besoin de contrôle de Camilla. Parfaite femme au foyer, elle a toujours eu à cœur d’accueillir au mieux ses invités.

Dolly ne comprend pas vraiment ce besoin. Les humains ne passent-ils pas du temps ensemble par plaisir ? L’androïde a la sensation que Camilla a quelque chose à prouver, en agissant de la sorte. Mais elle se garde de faire la moindre réflexion, ne posant même pas les questions qui lui brûlent les lèvres. Elle se contente simplement d'aider sa propriétaire avant l’arrivée des invités. « Il y aura un androïde, je crois qu’il s’appelle Kay. C'est bien, pour toi, non ? Je ne trouve pas ça très sain que tu passes si peu de temps avec d'autres personnes comme toi. » Dolly relève le regard sur Camilla, tout en continuant de ranger. « Pourquoi ? » Camilla rit, sans que Dolly n’en comprenne la raison. « Tu n'es ni tout à fait humaine, ni tout à fait une machine. Je ne sais pas, Dolly, je pensais juste que tu serai contente de savoir qu’il y aurait un autre androïde. » Elle l’est, contente. Elle est toujours contente de rencontrer de nouvelles personnes.

Le temps s’écoule, jusqu’à ce que la sonnette de la porte d’entrée ne s'active. Dolly a été habillée par Agathe, pour l'occasion ; une jolie robe verte qui arrive aux genoux, des ballerines noires pour aller avec. Les ongles de l’androïde sont peints de noir, pour faire un rappel. Peut être que cette petite fille deviendra styliste, un jour, elle en a en tout cas la passion. Dolly se tient droite, et accueille les visiteurs d’un sourire. Il n'y a pas d’enfant, mais un androïde, effectivement. L’apparence de ce dernier force Dolly à cligner rapidement des paupières plusieurs fois – tic développé depuis l’apparition de sa déviance, lorsqu’elle se trouve ébahie par quelque chose. « Dolly, veux-tu emmener Kay dans ta chambre ? » C’est une question, posée par Camilla, mais Dolly a comprit depuis longtemps que les questions étaient parfois des ordres. « Tout de suite, Camilla. » répond-elle, avec un sourire. Faire comme si elle était un androïde non défaillant devant les inconnus, c’était la règle. Elle vient prendre le bras de l’androïde, pour le guider jusqu’à sa propre chambre. Celle-ci est plutôt simple. Un lit est accolé au mur, sous la fenêtre, faisant face à une grande armoire. Des oreillers de toutes les couleurs viennent habiller le dessus de lit blanc, transformant ce dernier en canapé. À l’opposé, près de la porte, se trouve une petite bibliothèque, collée à un petit bureau. Des livres divers et variés y sont rangés, et une décoration colorée ajoute une touche fantaisiste à l’ensemble. Au-dessus du bureau, sur le mur, un pêle-mêle de photos a été réalisé ; photos sur lesquelles on peut voir la famille Jones, et Dolly. Les visages sont souriants, retranscrivant des moments de vie importants pour l’androïde.

« Tu peux t'asseoir, si tu veux. Je m'appelle Dolly, je suis un androïde de compagnie, configurée pour servir de poupée à taille humaine aux deux petites filles de la famille. J'aide également Camilla aux tâches ménagères, si elle m'en fait la demande. » Dolly s’installe sur le lit, sans cesser de regarder Kay. « Et toi ? » Elle lui sourit. « Je suis contente de faire la connaissance d'un autre androïde. Je m’ennuie parfois de la présence de mes congénères. Tu as été fait sur mesure ? Je n’ai encore jamais vu de modèle similaire à toi. »

@Kay

L'amitié commence là où naît la conversationft. Dolly

Mes doigts parcourent la piste de course des bras de Axel. Il ronfle toujours, de la bave aux bords des lèvres. Mes doigts sautent par-dessus le néant étoilé entre le cou et la tête.

-BOOM!

Ils s’écrasent contre la tempe, abaissant la tête de Axel. Il ouvre les yeux, j’aplatis ma paume de main dessus.

-Il y a une araignée géante qui te bouffe le cerveau.

Axel me prend la main, la mordille. Je le regarde perplexe. Il tire mon corps contre le sien. Je ne comprends pas. Pourquoi vient-il à me toucher l’entrejambe? Qu’est-ce qu’il y a de si important à cet endroit? J’étire un sourire malgré moi. Je me sens étouffé.

-On a le temps pour un plaisir rapide, après on va rendre à visite à ces ploucs. Tu verras, ils ont de jolis enfants. Mais, c’est toi, le plus beau~

J’étire une moue boudeuse tandis qu’il abaisse mes pantalons…. Je laisse mon corps vaguer dans sa programmation. Je ris, gémit, mordillement de doigt. Puis, il finit par me nettoyer et la liberté…. Je me dépêche de sauter en bas du lit pour enfiler des jeans troués aux genoux noirs, une chemise rouge avec un veston noir, une cravate rouge. J’aime appliquer de la couleur sur mes yeux. Je me sens comme une constellation, une peinture. Une art à moi seul! Du rouge sur mes yeux.

Je me redresse puis, embarque dans la voiture aux côtés de Axel. Axel met du rock et me demande de chanter. Je chante à me défoncer les cordes vocaux. Je bouge la tête tout en levant mon poing dans les airs. L’air caressant mes cheveux, douce sensation éclatante. Nous arrivons rapidement chez les «ploucs». Axel serre la main de ses ploucs avant de me laisser avec une jeune fille. Elle me prend le bras. Je ne comprends pas. Pourquoi elle me prend le bras? Je la suis en zieutant Axel derrière moi. J’ai peur qu’il m’abandonne. Me laisse entre des mains d’inconnus. Je ne comprends pas pourquoi il veut se débarrasser de moi.

Je tics au mot Androïde. Le monsieur de la danse me l’a appris. Mais, je n’aime pas. Chaque fois, un courant étrange vibre en moi. Je préfère faire la sourde oreille.

-Moi, Kay. Hu-manoïde ou alien, je préfère. Je ne comprends pas. Pourquoi doit-on dire nos fonctions comme présentation? Axel ne se présente pas comme ça, lui. Je lui offres le divertissement qu’il souhaite, j’entretiens la maison et les repas.

Je m’avance vers les photos. Axel garde-t-il des photos de moi? Fait sur mesure? Je ne comprends pas.

-Je ne sais pas… Et je ne veux pas savoir… Moi, je nais déjà grand comme m’a dit le monsieur.

Je ressens un blocage de système. Quelque chose tente de se briser en moi chaque fois qu’on parle de ça. De ce que je suis… Je n’aime pas ça.

-Moi, j’ai une collection de peluche. Je partage ma chambre avec celle de Axel. Je suis souvent seul.

J’aperçois les oreillers de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Je saute dedans, en saisis-un que je serres entre mes bras avant de rire. Je pointe les photos.
-Pourquoi avoir des photos avec toi? Et te les donner? Axel ne fait pas ça. Je ne comprends pas.

Je la contemple en posant mon menton sur le haut de l’oreiller entre mes bras.

L’amitié commence là où naît la conversation

Kay & Dolly

Il dégage une innocence impressionnante. Comme s'il était plus fragile qu'elle ne le serait jamais. Il est intrigant. Non, fascinant. Oui, c’est cela, fascinant. Étrange, mais pas dérangeant. Dolly aime bien son étrangeté, il est différent des autres androïdes. Il n'a pas l'air déviant. Juste… différent. Alors qu’elle se présente, elle ne remet pas en question sa façon de le faire. Donner sa fonction, c’est un peu comme laisser entrevoir un bout de ce qu'elle est, non ? Mais Kay, lui, n'a pas l'air d'accord. Il n'aime pas le mot « androïde » comprend-t-elle. Il préfère d’autres mots. Mais ces mots ne les définissent pas, pourtant. Dolly n'a jamais remis en question ce qu'elle était. Il n'y a aucune honte à être un androïde, Emrick le lui a dit. C'est ce qu’elle est. C'est ce qu’ils sont. Elle est fière d’être ce qu’elle est.

« C'est comme si on se disait nos métiers. Les humains aussi font ça. Pas toujours. Mais les humains aiment bien parler de ce qu'ils font comme travail. Et j'aime bien parler de ce que je fais, moi aussi. » donne-t-elle comme réponse à la première question de Kay. D'habitude, c'est elle qui pose des questions à tour de bras, avide de comprendre et de découvrir. Dolly n'a jamais visé que l’adaptation. Elle veut s'adapter, mais elle a besoin de comprendre pour réussir à le faire. Alors, elle pose des questions. Tout comme Kay est en train de le faire. Elle se sent maladroite, cependant, quand elle entend les réponses aux questions qu’elle a posé. L'autre androïde a l’air mal à l'aise avec ce qu’il est. Mais sa vision de sa naissance est jolie. Alors Dolly rit un peu. Pas par moquerie, non, mais parce qu’elle aime bien ce qu’il dit. Il lui parle de sa collection de peluches, et Dolly est déjà émerveillée. Mais elle fronce les sourcils quand elle apprend qu’il est souvent seul. « C'est triste, ça… » murmure-t-elle, « Comment peux-tu être souvent seul, alors que tu partages ta chambre avec ton propriétaire ? »

Quelques instants plus tard, il plonge dans les coussins, et Dolly éclate de rire. Elle aime beaucoup faire ça, elle aussi. Elle se sent libre et heureuse, quand elle plonge dans ses coussins colorés. Elle le regarde faire, le laisse faire, avec un sourire amusé. Elle a juste peur qu’il mette du maquillage sur son lit, mais elle ne veut pas le priver d'un moment de bonheur. Il pointe les photos, et Dolly sourit en les regardant. Avant de poser de nouveau le regard sur Kay. « Parce que je fais partie de la famille. » répond-t-elle naturellement, comme une évidence. « Axel ne fait pas beaucoup de choses avec toi. » constate-t-elle. « Est-ce que tu l'aimes ? » Elle cligne rapidement des paupières. « Est-ce qu’il te traite bien ? Tu sais, même si nous sommes des androïdes ou des humanoïdes ou alien, peu importe comment tu veux appeler ça… On a le droit d’être heureux. Et bien traité. »

Elle est convaincue de ce qu’elle avance. « Est-ce que ça te fait de la peine, de ne pas avoir de photos avec Axel ? » La question n’est peut-être pas pertinente, mais Dolly se soucie juste de la santé mentale de son congénère. Si les Jones sont comme sa famille, les androïdes sont - d'une certaine façon – sa vraie famille. Ses semblables. Il est donc normal, à ses yeux, qu’elle s’inquiète pour eux.

@Kay