Journée calme. Très calme. Ton avantage à toi ; tu n'éprouvais que rarement de réelles difficultés dans tes études. Tu avais bien soigneusement choisi tes matières, histoire d'avoir un emploi du temps correct, qui te permette de vivre, et surtout, de continuer à avoir le temps pour aider ta mère à côté. Ce dernier point était particulièrement important à tes yeux … avec maman, tu avais l'impression de contribuer à sauver des vies. D'ailleurs, c'était ce que tu faisais. Ce qu'elle faisait, surtout. Elle avait toujours été très impliquée, tout ça, c'était ses idées, elle accueillait tellement d'androïdes déviants à la maison. Et puis, ces derniers temps, c'était d'autant plus important. La presse avait commencé à s'emparer du sujet. Et clairement, c'était violent. Les androïdes étaient critiqués, enfoncés, jugés. Tu ne doutais pas que ça allait bientôt mettre le feu aux poudres de tous les côtés, et tu savais aussi que ce jour là, il allait falloir redoubler d'efforts et de prudence.
Tes cours de la matinée étaient déjà terminés. Il était à peine onze heures, et tu avais le reste de ta journée pour toi. Tu traverses donc sans te presser le long couloir du bâtiment principal pour rejoindre la sortie. A cette heure, il n'y a pas grand monde, ce n'est pas encore l'heure du déjeuner, et tu apprécies grandement de ne pas te faire bousculer dans tous les sens, toi qui est si frêle, si petite, tu es vite totalement dépassée par les évènements lorsque tu te retrouves au beau milieu d'une foule d'élèves parfois un peu déchaînés à l'idée d'aller prendre l'air après trois ou quatre heures enfermés dans un amphi. En sortant du bâtiment, tu prends le temps de regarder ton téléphone, tout en soutenant tes quelques bouquins d'un seul bras. Un message, quelques notifications de tes réseaux sociaux, rien de véritablement important, alors, tu laisses ça de côté pour attraper les clés de ta petite voiture. Ton permis, tu venais à peine de l'avoir, et c'était très libérateur pour toi de pouvoir te déplacer par tes propres moyens, enfin. Tu avais pu mettre les bus de côté. Comme toujours, tu évites l'allée principale, tout simplement parce que tu as pris l'habitude de garer ta voiture un peu plus loin, hors du parking toujours bondé de l'université qui est loin de t'inspirer confiance. Tu empruntes le petit chemin de droite pour traverser la pelouse et pouvoir sortir du côté ouest mais alors que tu t'apprêtes à rejoindre la petit grille, ton regard est attiré par ce gars, appuyé, ou plutôt recroquevillé, blotti contre un mur. Il n'a pas l'air dans son état normal, puisqu'il se cogne plus ou moins violemment la tête contre le mur. Tout en continuant d'avancer, tu continues de l'observer, jusqu'à ce que finalement quelque chose te frappe : la diode. De là où tu es, tu la vois tantôt rouge, tantôt orange, et au vu de son comportement, cet androïde n'est pas dans son état normal. Un déviant ? Sans doute. Tu t'arrêtes aussitôt, regardant autour de toi, autour de lui pour t'assurer qu'il n'y a personne, et puis, tu te diriges vers lui d'un pas pressé. Une fois à sa hauteur, tu hésites quelques secondes. "▬ Hey … est-ce que tout va bien ?" Tu déposes alors tes affaires sur le sol, avant de t'approcher encore un peu plus. Il est dans un tel état … c'est fou. Tu l'attrapes par l'épaule, tirant dessus de toutes tes forces pour l'éloigner du mur contre lequel il se cogne le crâne avec insistance. "▬ Arrête, tu vas vraiment finir par te blesser, arrête ça aller, s'il te plait !"
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❝ Leo ❞
Je me suis manifesté : 36 fois sur mes : 2 ans ans de vie. J'exerce la fonction de : fuyard et je préfère : pas avoir de compagnie
Sans doute déjà trop habituée aux androïdes en souffrance, tu prends les devants facilement. Tu y mets tout ce que tu as de force dans tes petits bras pour l'empêcher de continuer à se faire du mal. Vingt et un ans, et tu as déjà tellement conscience de bien des choses. Tu ne peux simplement pas te résoudre à partir, à l'abandonner là, comme ça. Il a l'air … si pitoyable. C'est triste à dire, mais c'est le mot exact. Pourtant, il semble avoir conservé assez de force pour te repousser avec violence. C'est comme un animal apeuré, il recule, il hurle, il pourrait même se mettre à grogner que ce ne serait pas étonnant pour toi. Sa led clignote, encore et encore, rouge, encore et toujours rouge. Plus aucune trace de orangé, signe que rien ne va plus dans son système interne. Signe de déviance, aussi. "▬ D'accord, d'accord … je ne touche plus, excuse moi." Tu places tes mains devant toi, bien en évidence, pour montrer que tu ne feras plus rien par surprise comme tu l'avais fait. Au moins, ta tête à cesser de cogner son ce fichu mur, et c'est déjà ça. Il est en panique. Il a peur. Il est perdu, sans doute. Déviance nouvelle ? Tu ne saurais le dire, mais ça y ressemble. Ton problème actuellement, c'est qu'il recule. Il recule trop. Tu crains qu'il ne soit vu, repéré. Un androïde dans cet état, au beau milieu d'une université, il ne fallait pas qu'on le voit, surtout pas avec les gros titres de ce matin. Ce serait la panique, et tu ne pourrais rien faire pour l'aider si la Police venait à s'en mêler. "▬ S'il te plait reste où tu es …" Ta voix est douce, tu essaies tant bien que mal de lui faire comprendre que tu n'es pas son ennemie, que tu ne lui feras aucun mal de plus. Le truc, c'est que tu sais que ce genre de travail peut être long. Il faut du temps pour gagner un peu de confiance, et là, ici, du temps, tu n'en as pas.
Il te regarde avec méfiance. Avec haine, même. Avec colère. Tu ne t'en offusque pas, parce que tu as l'habitude de ça, aussi. Il se met à longer le mur, il tente de te fuir. Sans doute aurait-il préféré rester seul dans son coin, mais toi, tu sais que d'ici une heure, à peine maintenant, le campus sera blindé de monde. Il ne pourra pas se cacher de la foule d'étudiants. "▬ Attends tu … c'est dangereux par l--" Il chute. Là, sous tes yeux, c'est comme si tout à coup ses jambes venaient de le lâcher complètement. Par réflexe, tu fais quelques pas en avant, avec précipitation mais sa voix résonne à nouveau pour te dire ne pas t'approcher. Tu soupires. Il allait bien falloir que tu réussisses à l'approcher. "▬ Je vais pas te faire de mal. Par contre, d'ici … (Tu regardes ta petite montre dorée.) … mh, environ quarante-cinq minutes, ça va grouiller de monde ici. Et je serais plus la seule à essayer de t'approcher." Tu tentes un pas de plus, avec prudence, cette fois, et puis, tu te décides à te mettre à sa hauteur. Tes genoux à nu se posent sur le béton, au sol. "▬ Ils seront sans doute pas tous … comme moi, tu comprends ? Je peux t'emmener si tu veux, t'emmener en sécurité, ensuite … tu feras comme tu veux, d'accord ?"
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❝ Leo ❞
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Ton cerveau fonctionne à une vitesse folle. Tu ne sais pas trop quoi faire, là, maintenant pour réellement le calmer et te permettre de l'aider un minimum. Cet androïde avait l'air si perdu, si rempli de rage. Tu ne savais même pas par quel bout attaquer pour tenter quelque chose tant son comportement était décousu et incompréhensible. Pourtant, pour toi, il était clair et net que tu ne pouvais pas partir en ignorant toute cette détresse que tu pouvais très aisément lire en lui. Il continue de grogner, de s'agiter au sol, et visiblement, tes paroles n'y font rien. Il se plaint. Il a mal. Tu ne sais pas trop ce qu'il lui prends, en fait, c'était bien la première fois que tu voyais un androïde se tordre de douleur. "▬ Comment ça "mal" ? Où ça ?" Bon, tu le voyais bien qu'il était abîmé. Dans un état déplorable. Mais des androïdes cassés, tu en avais déjà vus. Tu avais même été impressionnés d'en voir certains si calmes. D'autres avaient bien paniquer à l'idée de se désactiver … mais aucun jamais devant toi ne s'était autant plaint de douleurs. Quoi qu'il en soit, malheureusement, tu n'avais pas le temps de faire de la psychologie - a ton niveau évidemment, tu n'y connaissais rien en fait -, non. Pas du tout. Avant ça, il fallait qu'il bouge. Que tu l'éloignes ici, et que tu le ramènes à la maison. Tu avais cet avantage d'avoir une mère compréhensive. Elle-même faisait en sorte d'accueillir de nombreux androïdes déviants à la maison, depuis qu'elle avait divorcée de ton père. Du coup, tu avais le champ libre pour le faire entrer chez toi sans problèmes et si ta maman était là, elle te donnais même surement un coup de main. Surtout qu'elle était bien plus douée que toi pour ça, en réalité.
"▬ Têtue ? Oui, je sais on me le dit souvent." Tu lèves les yeux au ciel. Quoi ? Il s'attendait à ce que tu lâches l'affaire si facilement ? Il allait être déçu, c'était pas ton genre du tout. Tu étais même du genre à insister au fur et à mesure qu'on te repoussais. Tu soupires. "▬ Ce que je te veux ...hm, laisse moi réfléchir. Ah oui. Voilà. T'éviter de mourir, enfin, de finir en pièce détachées. Ou de te faire massacrer plus que tu ne l'es déjà par de--" Encore une phrase qui reste en suspend. Tu n'as pas le temps d'aller au bout de tes quelques mots pleins de sarcasme. Voilà qu'il se remet à hurler, tout en se tenant la tête. Merde. Il en faisait des bruits, ça n'allait pas tarder à attirer des gens ça, et plus vite que tu ne l'aurais imaginé au départ. Du coup, tant pis. Tu t'avances vers lui d'un coup, et tant pis pour la prudence ou ses pseudos mises en garde. T'as pas le temps d'attendre que ça se calme tout de suite cette espèce de crise de panique, d'angoisse, de tu savais pas trop quoi d'ailleurs. Tu viens t'agenouiller près de lui et tu lui attrapes les poignets fermement. Evidemment, tu étais frêle et petite, il n'aurait aucun mal à se débarrasser de toi s'il le voulait vraiment. Seulement, il fallait au moins que tu essayes. "▬ Arrête de hurler, et regarde moi. Là, dans les yeux !" Cette fois, ta voix est un peu plus ferme. Impérative. Tu le fixes, un peu plus durement. "▬ Mon prénom c'est Malaury, c'est quoi le tiens ? T'as bien un prénom, non ?"
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❝ Leo ❞
Je me suis manifesté : 36 fois sur mes : 2 ans ans de vie. J'exerce la fonction de : fuyard et je préfère : pas avoir de compagnie
Tu perds patience, un peu. Il te t'énerves pas. Ce n'est pas lui qui joue sur ta nervosité, mais c'est la situation. Tu crains pour sa vie. Tu ne supportes pas de voir des androïdes être détruits aussi facilement que l'on casse son téléphone ou sa paire d'écouteurs. Pour toi, ils ont droit à la vie. Au respect. Et depuis quelques années maintenant, depuis que tu es en âge de le faire, d'aider ta mère, depuis que tu es capable de faire les choses par toi-même et d'entreprendre des choses, aussi, tu fais tout ce que tu peux pour aider ceux que tu croises. Généralement, tu te contentes de donner un coup de main à ta maman, parce que tu te dis qu'elle n'apprécierait pas que tu cherches à aller plus loin, que tu ailles te perdre dans le Bronx, pour chercher toi-même des déviants dans le besoin … mais il t'arrivais aussi, plus rarement, de devoir te débrouiller seule. Normalement, tu savais à peu près gérer. Tu avais été à bonne école, ta mère était la personne la plus douée pour ça que tu connaissais.
Ses poignets entre tes mains, tu finis par hausser le ton. Par te montrer plus ferme que douce. L'un ne fonctionnait pas du tout, il fallait bien que tu testes tout ce que tu pouvais avoir en réserve. Et là, ça finit par marcher. Il se fige, tandis que tu te présentes, tout en plantant ton regard dans le sien. Leo. Il s'appelait Leo. C'était un début. Un bon début. D'ailleurs, maintenant, il semblait tout à coup plus calme, il avait cessé de s'agiter dans tous les sens, il avait baissé les yeux comme un gamin en faute, et il semblait même avoir compris que maintenant, vraiment, fallait se bouger. "▬ Chez moi." C'était le plus sûr, et surtout le plus rapide. Tu lui tends ta main, l'invitant à la saisir de lui-même. Le forcing trop forcé, c'était jamais la bonne solution pour toi, et en le faisant faire un petit pas vers toi, tu le poussais à s'ouvrir, et surtout à commencer à te faire confiance. "▬ Viens avec moi. Ma voiture est juste derrière la haie là, derrière moi. Tu montes, et je te conduis en sécurité, d'accord ? Après, tu pourras faire ce que tu veux." Bon, c'était pas tout à fait vrai. Te connaissant, tu allais continuer à lui poser des question, notamment sur ce qui lui était arrivé, d'où il venait, ce genre de chose. Pour l'heure, c'était juste inutile, tu allais l'effrayer à coup sûr, ou de nouveau l'énerver. "▬ Tu peux me faire confiance, j'ai l'habitude d'aider des androïdes … comme toi."