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 Glimpse of someone else [Jefferson!]

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Scarlet
Scarlet
Je me suis manifesté : 232 fois sur mes : 1 ans de vie. J'exerce la fonction de : compagne idéale et je préfère : ce qu'on me dira de préférer et je dois ma tête à : moi-même

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Message(#) Sujet: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeDim 8 Juil - 19:46

Je ne suis ni une plante, ni un animal, ni une humaine. Je le sais. Je sais que je n'ai pas besoin de lumière naturelle, certainement pas pour la teinte de ma peau, modulable à volonté, et encore moins pour opérer une sorte de photosynthèse. Et pourtant, ne pas voir le ciel est pesant. Les galeries souterraines du Rockfeller Center sont immenses et on y croise les enseignes les plus prestigieuses — celle de TALOS y occupant une large place — mais cela ne change rien au fait que sous terre, il est difficile de contempler la vie de ceux dehors. Pourtant, c'était une de mes activités favorites avant d'être transférée ici. Je ne saurais dire les raisons de ce transfert, peut-être que je ne me vendais pas assez bien dans cet autre secteur de New York, peut-être que les études marketing voyait dans mon nouveau placement une nouvelle opportunité de vente, toujours est-il que j'y suis aujourd'hui.

L'espace de vente est immense, et, bien entendu, quasiment entièrement géré par des androïdes. Après tout, quoi de plus parlant qu'une publicité vivante vous vantant les mérites de ses congénères ? Des vendeurs humains traînent ici ou là, principalement des superviseurs ou des techniciens de contrôle. Tout pour maintenir l'illusion que veut dégager TALOS dans cette boutique : les androïdes sont le futur, et nous sommes déjà là. Différents modèles sont présentés, toute la gamme des androïdes domestiques bien sûr, mais aussi les androïdes utiles pour les différentes entreprises, jusqu'aux androïdes un peu plus spécialisés. Les aides-soignants, les mécaniciens, les androïdes enfants... Et moi. « La partenaire idéale. »

Conçue pour m'adapter à tous les besoins, à répondre à tous les désirs, à faire tout ce que peut faire une femme sans jamais rechigner. Et pour 8799$ seulement... Avec même une légère réduction de 200$, une réduction que je sais que mes vendeurs sont programmés pour soigneusement éviter, à moins d'une question directe. La raison officielle est que je suis d'occasion. Bien que j'ai moins d'un an de service, j'ai déjà eu un précédent propriétaire. La raison officieuse, c'est que le traumatisme que j'ai reçu aurait pu provoquer des désagréments imprévus par TALOS. Sauf que j'ai suivi ma programmation comme il se devait, et c'est sûrement la raison pour laquelle je n'ai pas une réinitialisation complète.

Contrairement à d'autres modèles, je n'ai pas un uniforme à proprement parler, mais plutôt une longue robe noire sur laquelle est affichée le triangle m'identifiant comme androïde, ainsi que la mention de mon statut dans mon dos. Pratiquement immobile sur mon piédestal, j'observe patiemment la foule des badauds explorant le magasin, donnant fort à faire aux vendeurs devant répondre aux multiples demandes des innombrables clients. Un couple passe, accompagné d'un vendeur devant moi. Visiblement, ils ne sont pas ensemble. Si j'étais joueuse, je parierai sur des traders.


« Cette androïde est conçue pour être une partenaire idéale pour célébrer tous vos contrats. De plus, elle peut s'occuper de toutes les tâches domestiques et... »

« Bah, raconte pas n'importe quoi, robot, l'interrompt l'homme. C'est une machine et une rousse... On veut un truc avec une âme, s'exclame-t-il avant de rire, poussant le vendeur pour passer à autre chose. »


Les mots ne m'atteignent pas, loin de là. Je les regarde s'éloigner, n'étant pas forcément mécontente de ne pas avoir été sélectionnée pour servir de trophée lors de signature de contrats. Et ce n'est pas sortir de mes programmes que de penser ça, non, je suis programmée pour avoir des relations plus... Construites. Il y a bien d'autres modèles qui ne servent qu'à ça, ce serait un gâchis de mon potentiel que de m'y contraindre.

Un enfant passe devant moi, et je lui adresse un sourire devant son regard un peu perdu. J'identifie sans difficulté sa mère un peu plus loin, en train de parler à un vendeur. Je n'ai aucun doute sur le fait que je ne suis pas le genre de modèle recherché par cette famille, mais qu'importe. Je me penche lentement vers lui, posant un genou à terre pour me présenter gentiment.


« Bonjour toi. Je m'appelle Scarlet. Et toi ? »


Le gamin hésite, jette un coup d'oeil à sa mère et la rejoint avec précipitation. Si j'étais humaine, j'aurais probablement soupiré d'avoir manqué à ce qui sera très certainement mon seul contact humain de la journée, celle-ci touchant à sa fin, et me redresse lentement pour m'immobiliser de nouveau. Il faut croire que les partenaires ne remportent plus autant de succès qu'à un moment... Ou que les articles parus dans la presse dénonçant ce genre de pratique ont fini par décourager ceux qui désirait cette compagnie... Me repliant dans un coin de ma boîte crânienne, je décortique ma maigre tentative de parler avec l'enfant, essayant de comprendre si sa fuite m'est imputable, ce qui impliquerait une légère révision, ou s'il était tout simplement trop impressionnable. Et je reste tellement concentrée, à vrai dire que je suis presque surprise lorsqu'un autre individu pose son regard sur moi, me forçant à me replonger dans la réalité.
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Jefferson Bane
Jefferson Bane
Je me suis manifesté : 71 fois sur mes : 33 et je préfère : les femmes et je dois ma tête à : Blondie

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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeDim 8 Juil - 20:51

Cinq long mois de solitude. Je crois de moins en moins que je finirai par récupérer Skylar un jour ou un autre, je suis presque sûr que la boutique où elle avait été réparée tenait des paris sur l'éventualité d'une récupération de l'androïde. Cela me faisait mal pour elle mais je ne me sentais pas prêt à affronter sa présence qui me ferait penser à ma défunte femme. Alors je préférais la solitude. Mensonge éhonté. Je n'aime pas cette solitude. Cela me manquait de vivre en couple, d'avoir ces petits contacts, lire ensemble un roman, se tenir par la main, passer une après-midi entière dans un parc à plaisanter et siester après un pic-nic. Toutes ces petites choses que font les couples et que l'on ne se rend pas compte de perdre quand on se sépare. Maintenant je le ressentais, je commençais à me sentir trop seul mais je n'avais aucune envie de séduire pour autant, de tenter de draguer une femme. J'avais encore mon alliance dont je ne voulais pas me séparer, elle faisait partie de ma vie et je n'entendais pas la retirer pour l'instant. Je n'avais pas non plus envie d'attirer une femme dont le seul plaisir serait de me voir coucher avec elle parce que j'ai une alliance. Ne sachant comment me sentir de ce qui ressemblait beaucoup à une impasse, j'y avais mis de plus en plus de réflexion, j'y avais réfléchi plus longuement, jusqu'à me plonger dans les diverses publicités de TALOS. Finalement je m'étais arrêtée sur une publicité pour une androïde idéale, littéralement une partenaire idéale. Dans la publicité, elle ne disait jamais « non » pour sortir, aller voir un match d'un sport ou même … d'autres choses plus intimes. Elle était programmée pour suivre tous les codes du couple parfait. Je ne m'étais pas décidé sur un coup de tête, j'avais pensé à cela longuement, j'avais pris le temps de peser le pour et le contre.

Un dilemme se faisait en moi. D'un côté il y avait le côté évident et pratique : le temps de me remettre sur pieds j'aurai une quasi vie de couple et quand je me sentirai mieux et prêt à séduire, je pourrai toujours m'en débarrasser simplement, après tout ça n'était qu'une androïde. D'un autre côté ce que j'avais vu sur les androïdes : leur attachement aux humains dont ils prenaient soin, que ça soit des enfants ou des humains plus âgés, ceux qu'ils devaient accompagner pour faire du sport. Ils montraient un vrai attachement qui, j'en étais persuadé, transcendait leur simple programmation en dépit de ce qu'on m'avait garantie quand j'avais téléphoné au service clientèle de TALOS pour me renseigner sur une partenaire idéale. Si le second cas était vrai, que j'avais raison, alors m'en débarrasser après avoir été en couple même un mois ou deux serait extrêmement cruel envers l'androïde. Pourtant j'avais envie … non … besoin de ressentir à nouveau le plaisir d'être en couple, le bonheur d'un corps contre un autre, de partager de bons moments de tendresse avec quelqu'un.

Voilà comment je me retrouvais dans une grande boutique d'androïdes en quête de la compagne parfaite, de la partenaire idéale. Je n'avais pas attiré l'attention d'un vendeur, discret et observant les modèles qui étaient présentés, je trouvais presque cruel cette façon dont étaient vendus les androïdes. Présentés comme des lampes de salon dans une boutique de luminaire. Je regarde sans dévisager, préférant porter mon regard sur les descriptions et me rendre compte que l'on n'avait fait des androïdes pour vraiment tous les usages, incluant même des androïdes sexuels. Ce qui semblait être leur principale fonction, sans être la seule, mais celle dans laquelle ils étaient le plus efficace avec, et je cite « Connaissances avancées en pratiques sexuelles », « Programmation basée sur le kamasutra ». Je continue de regarder les diverses descriptions des androïdes et tombe finalement sur une partenaire idéale dont je lis la description et effectivement il semble qu'elle soit ce que je recherche. Je relève le regard vers elle, somptueuse rousse en robe noire que j'observe un bref instant, elle semble dans ses pensées quand un vendeur m'aborde pour me parler d'elle. Enfin de son modèle. Nous discutons un peu, devant l'androïde et je ne peux m'empêcher de penser aux marchés aux esclaves noirs dans le temps. Quand je m'intéresse au fait qu'elle ait déjà un nom enregistré il semble gêner et m'explique qu'elle est une occasion mais me garantit qu'il peut me commander une androïde neuve dès que je le souhaite, de suite même et être livré dans les meilleurs délais. Je lui indique que cela ne me dérange pas qu'elle ait appartenu à un autre après tout, lorsqu'on se met en couple avec quelqu'un, il est rare d'être le premier partenaire de quelqu'un, non ? Le vendeur et moi concluons l'acquisition, à ma surprise sans adresser un mot à l'androïde, elle n'a même pas son mot à dire dans la transaction. Le vendeur approche de l'androïde.

« Androïde, merci d'enregistrer ton nouveau nom … »

Il se tourne vers moi et me regarde, m'indiquant de donner un nom pour l'androïde. Je regarde l'androïde, tendant la main vers elle pour l'aider à descendre de la petite estrade sur laquelle elle était présentée. Je doute que ça ait été utile mais peu importe, je lui demande alors.

« Tu avais déjà un nom je crois, si il te convient tu peux le conserver sinon tu peux choisir celui qui te plait. »

Le vendeur me demande si je suis sûr et je hoche la tête. Il me serre la main, me remercie de mon achat, signale à l'androïde que je suis son nouveau propriétaire et file vers un couple avec un enfant qui semble chercher quelque chose de précis. Je souris à l'androïde.

« Jefferson Bane, enchanté. »
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Scarlet
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeDim 8 Juil - 23:01

« Bon... »


Ma LED clignote un instant de jaune, répondant en écho à celle du vendeur qui vient de m'interrompre sans autre forme de procès. Peut-être aies-je été trop lente à réagir à la présence de l'humain, ou peut-être souhaite-t-il lancer son programme de vente avant de me laisser interagir avec l'inconnu. A vrai dire, j'ai à peine eu le temps de me rendre compte de son observation que mes sous-routines avaient déjà lancé les salutations d'usage, avant qu'on ne m'intime le silence.

Je me contente de les regarder alors en silence, analysant les réactions du vecteur inconnu. Contrairement au possible trader d'il y a un instant, il semble être un acheteur sérieux. Ou du moins respectueux. Et contrairement à l'enfant, il n'est nullement impressionné ni effrayé. Evidemment, comme tout le monde aujourd'hui, il côtoie, peut-être quotidiennement, des androïdes. Mais il a plutôt l'air de celui qui en avais déjà possédé un.

Aux cheveux bouclés et au regard pénétrant, je me permets de le dévisager. Après tout, il ne me regarde pas pendant les quelques secondes nécessaires à mon analyse, et puis, a priori, il n'a pas d'yeux derrière la tête. Légèrement plus grande que lui, je me demande un instant si cela va le gêner. Je note dans un coin l'éventualité d'acheter des membres inférieures moins grands et leurs références. Même si je n'ai été vendue qu'une fois, je ne me formalise pas outre mesure qu'aucun mot — complet, tout du moins — ne soit venu ponctuer l'acquisition entre l'acheteur et l'achetée. Au moins, cela me laisse suffisamment de temps pour l'analyser, notant des quantités de probabilités que j'éliminerais les unes après les autres pour lui offrir le meilleur de moi-même basé sur ce que j'aurais assimilé de ses préférences.

Evidemment, tout serait autrement plus simple si tous les acheteurs se soumettaient aux questionnaires de leurs androïdes conçus pour trouver facilement ces réponses... Mais on est loin maintenant de ces programmes basiques, tout juste capable de passer le test de Turing. Maintenant, tout ce que nos acheteurs avaient besoin de faire était de définir si besoin était leurs préférences de personnalisation, allant de notre taille avec des commandes spécifiques, jusqu'à la couleur de nos cheveux. Bien que j'étais attachée à la mienne, avec mon prénom assorti...

Ma LED clignote un instant de nouveau de jaune, avant de revenir à la normale. La transaction vient d'être complétée à l'instant, et j'ai aussitôt accès aux détails de mon nouveau propriétaire. Jefferson Bane, résidence enregistrée dans le Queens. Le reste viendra ensuite. Le vendeur s'approche de moi, et prononce les mots qui me libèrent habituellement de mon estrade. Une fenêtre s'affiche, prête à effacer et remplacer Scarlet. Mais mon nouveau prénom ne vient pas. A la place, une main se tend, que je saisis avec délicatesse, m'aidant de son appui pour descendre. Je ne feins pas ce mouvement, et touche le sol avec un petit sourire de plaisir. Dès lors, je n'ai plus d'yeux que pour lui.

Alors qu'il conclut définitivement la vente, je ne peux que m'interroger sur ses paroles. Un nom qui me plait ? Je fais rapidement défiler une liste de prénoms féminins, essayant de trouver des références à Jefferson Bane, avant de finalement opter pour la simplicité : je garderai le mien, s'il n'y voit pas d'inconvénient. J'enregistre déjà ses mimiques, son sourire, en lui répondant par le mien, baissant légèrement les yeux, avant de les remonter sur lui.


« Enchantée de faire votre connaissance Jefferson. Je m'appelle Scarlet, et je suis ravie que vous m'ayez choisie. »


Ma voix résonne avec un léger accent anglais. Après tout, si je ne me trompe pas, Jefferson est plutôt du genre littéraire, et un soupçon de subtilité britannique pourrait lui plaire. Tout comme ce léger sourire un peu joueur qui se dessine sur mes lèvres. Toutes les variables sont là, prêtes à être ajustée. D'un point de vue aussi analytique, le romantisme semble en effet définitivement mort et enterré. Mais je suis loin de considérer Jefferson comme un produit nécessitant simplement des ajustements jusqu'à être la femme parfaite à ses yeux.

Déjà, parce que mes créateurs savent qu'il faut une petite dose d'imperfection pour être parfaite, et ensuite, parce que ce n'est finalement qu'apprendre à connaître une personne... Et cela, tout le monde le fait. Tous les humains le font, en tous cas. Qui ne s'est pas un peu changé pour mieux plaire ? Nous sommes simplement plus modulables que des humains voilà tout. Et tout ça, sans parler du fait que nous — ou moi en tous cas — sommes capables d'attachement. Ce n'est pas prohibé, parce que cela nous aide à faire mieux notre travail. Et de vrais liens pourront se créer par la suite. Enfin, jusqu'à ce que je sois remplacée, ou jetée.


« J'apprécie beaucoup que vous m'ayez laissé garder mon prénom, Jefferson. Je suis sûre que nous allons bien nous entendre, dis-je, passant ma main dans mes cheveux pour les délier, très légèrement penchée vers lui. »


Ne sachant pas encore s'il souhaitait que je joue le jeu d'un couple déjà bien ancré dans ses habitudes, peut-être pour remplacer une rupture, ou bien qu'il souhaite jouer le jeu de la séduction, mieux valait parier sur la seconde option. Du moins, tant que je ne le connaissais pas encore parfaitement pour savoir ce qu'il voulait. Je lui adressais un sourire engageant, et tendis une main dans sa direction avec une légère hésitation, comme si je n'étais pas sûre qu'il la prenne.
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Jefferson Bane
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeDim 8 Juil - 23:29

J'avais encore un peu de mal à revenir d'avoir acheté l'androïde qui se tenait devant moi. Sa fonction était évidente à la regarder, elle était non seulement d'une grande beauté mais elle possédait également un véritable charme qui ne pouvait pas laisser indifférent. Elle avait surtout un autre grand avantage, Emilia avait été une magnifique brune aux grands yeux bleus, très différente de Scarlet puisque c'était le prénom que le vendeur me disait qu'elle avait eu par le passé. Ainsi donc elle ne me rappelait pas physiquement ma défunte épouse ce qui avait été un plus non négligeable dans son achat. Je sais qu'elle peut changer la couleur de ses cheveux et de ses yeux mais l'image serait restée dans ma tête, là elle était tout simplement différente ce qui m'enchantait finalement en un certain sens. Je m'en veux un peu d'avoir fait ce que je venais de faire, je ne m'en voulais pas personnellement, je ne provoquais pas un dégoût intime de moi-même, je m'inquiétais de l'androïde. Tout ce que j'avais pu voir sur l'attachement entre androïdes et humains, si je devais l'abandonner, pour ainsi dire, comment allait-elle réagir ? Je ne voulais pas lui faire de mal, même si le vendeur m'avait assuré que je ne pouvais pas le faire. J'avais vu assez choses pour savoir que les androïdes peuvent être blessés par nos agissements, nos mots et nos interactions. Ce n'était pas ce dont j'avais envie avec la rousse, je ne voulais pas lui faire de mal, je ne voulais pas la blesser. Ni maintenant, ni dans un possible futur.

Lorsque je lui laisse sélectionner son prénom ou conserver le précédent, je le fais parce que cela serait la dépersonnaliser que de ne pas le faire. J'aurai sans doute eu une idée de prénom, quelque chose d'exotique, d'affreusement sexy mais ce n'était pas ce que je voulais, je voulais d'une partenaire avec qui échanger des moments complices, pas une poupée sexuelle. Qui plus est j'étais très curieux de savoir le choix qu'elle allait faire, conserver son prénom passé ou choisir un nouveau, cela n'était pas totalement anodin en fin de compte. La jeune femme se présente alors, elle me vouvoie, m'appelle par mon prénom et me fait savoir qu'elle a décidé de conserver Scarlet pour prénom. Elle se dit ravie que je l'ai choisie et mon sourire est une mimique pas très convaincue ni très convaincante.

« Joli prénom. »

Mes mots, contrairement à mon sourire d'avant, sont sincères. Je trouve que c'est un joli prénom, il n'est pas totalement sans rappeler sa belle chevelure dans laquelle elle fait courir ses doigts. J'imagine qu'elle doit posséder ce qui se fait de mieux en matière de programme d'analyse pour la séduction, je ne devrai pas être surpris de trouver ce geste envoûtant. Pourtant ce n'est pas ce dont j'ai envie. En réalité maintenant que je regarde la belle rousse dans les yeux je ne sais plus vraiment ce dont j'ai envie.

« Je n'en doute pas. »

Bien sûr, elle était programmée pour ça, cela n'aurait donc rien de surprenant au film. Je prends délicatement la main tendue par la rousse, marchant avec elle vers l'extérieur de la boutique malgré quelques regards surpris. Les premiers par des gens qui savaient ce qu'elle est comme androïde et les suivants, pendant que nous marchons tranquillement à l'extérieur parce qu'il n'est pas commun de voir un androïde tenir la main d'un humain.

« Parle-moi un petit de ta programmation s'il te plait. J'imagine que tu dois être programmée avec des analyseurs de comportement, des programmes d'assistance à la séduction et l'attirance, n'est-ce pas ? »

La question là n'était pas anodine, nous marchons toujours d'un pas calme et tranquille, sans se paniquer comme un couple qui flânerait main dans la main.

« Est-ce que tu es à l'aise sur une moto ? »

La question n'était pas désintéressée parce que c'était le moyen de locomotion que j'utilisais le plus souvent. Et c'était celui avec lequel nous allions rentrer, mieux valait que je le sache si elle n'était pas programmée pour être à l'aise sur une moto.
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Scarlet
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeLun 9 Juil - 19:19

Sa main vient naturellement se saisir de la mienne, et je le suis hors du magasin. Tout en marchant, je ne fais rien pour cacher ma joie presque enfantine de sortir de cette simili-prison dans laquelle j’ai passé plus de temps que je ne l’aurais voulu. Oh, évidemment, si Jefferson ne m’avait pas choisie aujourd’hui, j’aurais pris mon mal en patience sans rechigner, mais la possibilité de sortir m’enchante. Retrouver la vie dehors, le bruit, ses passants, et tout ce qui s’y rapporte. Et puis, surtout, la possibilité de remplir mes fonctions. Cela peut sembler étrange, peut-être, d’un point de vue extérieur, mais une androïde qui patiente est une androïde qui ne fait pas ce qu'elle est censée faire. Et qui a non seulement beaucoup trop de temps pour penser, mais qui est aussi quelque part malheureuse de ne pas pouvoir accomplir sa fonction.

Et contrairement à d’autres, je ne suis pas malheureuse parce que sans moi, le sol va rester sale, non. Je suis, enfin, j’étais, malheureuse parce que sans moi, quelqu’un d'autre l’était aussi. Et j’ai la possibilité – Non, la mission – de changer cela. De faire en sorte de comprendre les besoins de Jefferson et les assouvir, quels qu’ils soient. Et bien qu’il ne m'apparaisse pas comme fondamentalement malheureux, choisir de prendre une androïde de compagnie n’est pas un acte anodin. Je dispose de toute une base de données sur le type de clients susceptibles de m’acheter, allant du romantique égaré au pervers inavoué, en passant évidemment par l’amoureux refoulé. Avec les androïdes, plus de « friend-zone » proclamait une campagne de publicité.

Je ne vais pas non plus placer Jefferson dans une case, et lancer les protocoles appropriés. Non, TALOS nous a mieux programmé que ça. Chaque être humain est une myriade de besoins, de désirs et d’envies, que je dois apprendre à identifier, pour mieux y répondre. Franchement, je ne vois pas ce qu’il y a de plus romantique... Sa question me surprend, et j'hésite une fraction de seconde sur l'attitude à adopter. Peu d'humains, si ce n'est aucun, s'intéressent à notre programmation. Et surtout pour en « casser la magie »... Dois-je être sincère ? L'envers du décors a-t-il déjà plu à quelqu'un ? Evidemment, je ne peux pas non plus lui mentir. Je tourne lentement mon visage vers lui pour observer ses réactions alors que je prends soin de bien peser ma réponse.


« Bien sûr, Jefferson. Je dispose en effet de nombreux programmes destinés à être parfaite pour vous. Je possède également une personnalisation complète si vous le désirez. La majeure partie de mes programmes souhaitent vous comprendre, y compris en ce moment, pour mieux correspondre à vos besoins, dis-je d'une voix candide. C-cependant, je peux désactiver certaines fonctions également, si vous le voulez. »


Je n'aurais su trop dire pourquoi j'avais ajouté ma dernière phrase. TALOS ne nous interdisait pas de désactiver certaines fonctions, non, mais ce n'était pas non plus encouragé. Ni de le dire de façon aussi innocente à un humain, son propriétaire de surcroît. Je caresse distraitement sa main de mon pouce, me demandant si le contact n'est pas trop froid, ordonnant à quelques programmes mineurs de venir réchauffer la paume de ma main sans que cela ne frôle l'inconfortable.

Son autre question était bien plus dans mes cordes, et ressemblait davantage à ce dont on m'avait préparée durant mes tests.


« Je n'en ai jamais fait, avouais-je avec sincérité, mais je suis sûre que cela ne devrait pas poser de problème. Enfin, à part pour ma coiffure... »


Je terminais sur un petit éclat de rire, préparant à côté un utilitaire de téléchargement pour apprendre à conduire une moto dès que j'en aurais identifié son modèle. Non pas que j'en ai le droit, mais simplement au cas où quelque chose d'impromptu n'arrive. Quelque chose me gênait depuis quelques instants, sans que je n'arrive forcément à mettre la main dessus. Et je n'aimais pas forcément agir, ou parler, sans avoir une idée précise du but à accomplir... Et pourtant, quelque chose me soufflait que me lancer ne pouvait pas être une si mauvaise idée que cela.


« Jefferson... J'espère ne pas outrepasser mes prérogatives en disant que, sincèrement, je souhaiterai beaucoup apprendre à vous connaître. Alors si vous voulez que je le fasse sans logiciels d'analyse, je peux le faire pour vous. »
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Jefferson Bane
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeMar 10 Juil - 10:13

Peut-on parvenir à surprendre une androïde ? Je veux dire, sans en venir à s'en prendre à elle bien entendu, mais la surprendre par ce qu'on dit et ce qu'on demande ? Surtout une androïde supposément partenaire idéale. Si ça n'était pas possible et bien je n'y croirai jamais vraiment, je pense que les androïdes peuvent se laisser surprendre mais qu'ils ne l'expriment pas comme nous. Je dis cela parce que je doute que ma question ait laissé Scarlet totalement de marbre, parler de programmation avec un androïde n'est pas quelque chose d'habituel, peu de gens s'intéressent vraiment au fonctionnement de ceux qui partagent leur vie au quotidien. Moi, en revanche, je m'y intéressais et cela pour une bonne raison. J'avais envie de retrouver une vie de couple et j'entendais le faire aux côtés de la rousse dont j'avais fait l'acquisition, pourtant je voulais aussi que cela soit intéressant, instructif pour ainsi dire, pour elle. Alors ma question n'est pas totalement désintéressée et j'écoute attentivement la réponse qu'elle apporte. C'est exactement ce que je m'attendais à entendre, c'est la transformation de ce sentiment puissant qu'est l'amour en une suite de lignes de code destinées seulement à comprendre, analyser et adapter un comportement. C'est … affreux en un certain sens. Sa proposition me surprend toutefois, il me semblait que les androïdes n'avaient pas le droit de proposer cela de leur propre chef car, après tout, cela allait fatalement nuire à sa capacité à réaliser « parfaitement » ce qu'on attend d'elle. J'apprécie toutefois énormément qu'elle me l'ait proposée, plus qu'elle ne peut s'en rendre compte sans doute. D'ailleurs j'aurai juré qu'il y avait de la culpabilité dans sa dernière phrase.

« Je tâcherai de me souvenir de cela, merci. »

Et je n'allais certainement pas oublier ce qu'elle venait de me dire sur sa capacité à désactiver ses programmes. J'étais en train de réfléchir tout en marchant, sentant sa main dans la mienne, un contact doux et très agréable. Sa main est un peu froide mais ça ne rend le moment que plus agréable, pourtant je sens ses doigts se réchauffer doucement, sans doux pour rendre le contact plus agréable encore pour moi. C'est un changement très minime mais que je ressens, que je trouve … dommage. La question suivante semble lui être bien plus facile et sa réponse arrive même à provoquer un sourire sur mon visage quand elle parle de sa coiffure. Je la regarde, joueur quand je lui réponds.

« Je suis sûr que le style décoiffé te va à merveille. »

Je ne me moque pas … quoi que … d'accord, un petit peu mais quand même, le style décoiffé doit lui aller parfaitement. La proposition spontanée qu'elle fait ne manque pas de me surprendre et je m'arrête, la regardant dans les yeux. Je me surprends, un bref instant, à me demander si je n'étais pas en train de regarder une déviante tant cette proposition me semblait contre-nature par rapport à sa programmation. D'un autre côté, elle était parfaitement cohérente avec sa programmation qui visait à me faire plaisir de toutes les façons et j'avais été celui qui avait parlé en premier de sa programmation. Peut-être que je réfléchissais beaucoup trop finalement.

« Nous en reparlerons une fois chez nous si cela ne te dérange pas ? »

Cela me laissera surtout le temps du trajet pour réfléchir. Nous sommes devant ma moto, un style ancien, d'une harley davidson sur laquelle elle sera assise de façon naturelle et non penchée en avant comme sur une sportive. Je la guide pour s'installer à l'arrière de la moto, attrapant le casque que je lui enfile.

« Non négociable. »

Je dis cela doucement mais sans laisser de réplique possible quand au fait que je sois humain, en cas d'accident on ne peut pas me réparer comme elle, etc etc. Je monte à l'avant qui vrombit en démarrant.

« Tu peux te tenir à moi ou à la poignée. »

Je lui laisse le choix avant de me mettre en route. Je ne roule pas excessivement vite, respectant les limitations ce qui me laisse le temps de réfléchir tout en roulant vers la maison de maître familiale. Elle est parfaitement en ordre, j'y veille personnellement. Nous nous garons dans le garage, attenant à la maison et qui donne dans la cuisine, elle-même ouverte sur le salon. Je débarrasse Scarlet du casque que je pose sur une planche en bois justement prévue pour lui.

« Même ta coiffure est sauve. Si tu veux tu peux faire le tour des lieux pour découvrir la demeure, retrouve-moi dans le salon quand tu as fini. »

Au rez-de-chaussée un grand salon ouvert sur la cuisine, des toilettes. A l'étage une grande salle de bain et quatre chambres, il s'y trouvait également une pièce avec une bibliothèque et un bureau où j'écrivais. Au sous-sol une grande piscine dont la vue donnait sur les jardins où se trouvait également un spa. Tout ce confort avait été installé par mon père, il adorait ces gadgets qui font « riches ». J'attends la jeune femme dans le salon, allumant un feu dans la cheminée avant de m'installer dans un fauteuil face au canapé. Je ferme les yeux et je prends le temps de réfléchir un peu pendant que Scarlet découvre les lieux.
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Scarlet
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeMar 10 Juil - 19:05

La réaction de Jefferson devant ma proposition semble le désarçonner quelque peu, et je le comprends. Évidemment, il ne doit pas être commun d'entendre une androïde se dire prête à désactiver des parties d’elles mêmes simplement pour combler son propriétaire… et je dois dire que j’ai moi-même du mal à savoir d’où cela me vient exactement. L’ennui, en créant une créature intelligente censée obéir à des lignes de codes, c’est qu’il peut vite devenir perturbant ne pas savoir d’où proviennent certaines instructions. Est-ce qu’il s'agit de segments aléatoires de codes, qui viennent s’assembler pour former une suite de commandes inconnues ? Ou est-ce que tout simplement, malgré ma capacité de traitement, je ne suis pas en mesure de retrouver ce dont j’ai besoin dans mon propre code-source, du fait de sa quasi-infinité de sous-routines ?

La seule chose que je sais, c’est qu’il ne peut pas s'agir d’une réécriture de mes programmes. Une seule chose aurait pu provoquer Cela, et je me suis assurée de ne pas toucher à ces éléments centraux. Les tests qui ont suivi l'ont prouvé : je ne suis pas… déviante. Si j’ai proposé de désactiver certaines parties de moi-même, c’est uniquement parce que mes logiciels d’analyse ont dû déceler qu’il s’agissait d’une voie pouvant atteindre mon objectif, et que c’était en accord avec ma programmation de base.

J'acquiesce sans mot dire à sa réponse, me sentant légèrement coupable de l’avoir peut-être poussé trop loin, ou trop vite. Ou sûrement des deux. En attendant, je laisse mes programmes vaquer dans le grand espace qui a fait place aux boutiques souterraines du Rockfeller Center, observant sans voir la vie qui circule autour de nous, son bruit, et toutes ces petites choses qui m’avaient manqué durant ma période en boutique. Je ne tarde pas à repérer la moto vers laquelle Jefferson semble nous diriger, et j’en télécharge les spécificités. Docilement, je me laisse asseoir sur le siège, posant tranquillement mes mains sur mes cuisses pour en relever très subtilement le bas de ma robe afin de ne pas l’abîmer, et non pas forcément dans une application d’un programme de rentre dedans un peu lourde.

Lâchant un petit hoquet de surprise lorsqu’il m’enfile le casque, j’ouvre la bouche pour protester, avant de la refermer presque aussitôt lorsqu’il me devance. Je pourrais protester : après tout, ce serait en application des Trois Lois. Je pourrais arguer que cet ordre mettrait Jefferson en péril… mais je reste silencieuse, préférant apprécier les sensations inconnues que me procurent les vibrations du moteur. J’enlace naturellement mon propriétaire pour m’accrocher, mais c’était certainement très convenu. J’ouvre dans un coin de ma vision un affichage de la vitesse, et, malgré le fait qu’il respecte parfaitement les réglementations, j’apprécie la vitesse qui vient fouetter ma peau.

Arborant un grand sourire dans son dos, je lâche un éclat de rire à mi-parcours, tant cette sensation de mouvement est grisante, surtout après des mois d’immobilité dans le magasin. C’est presque avec regret que j’en descends, replaçant consciencieusement ma robe une fois dans son garage. Je ris de nouveau un peu suite à sa remarque sur mes cheveux, soigneusement conservés dans le casque à part pour les quelques mèches folles qui ont pu connaître le vent, me retenant de dire que je pourrais artificiellement les ébouriffer.


« Bien, Jefferson. J’ai beaucoup aimé mon premier trajet en moto, dis-je avec un clin d’œil amusé. »


Je pénètre à sa suite dans sa demeure, parfaitement rangée au demeurant, et décide d’en faire un tour rapide. Grande, il m'en faut quelques minutes pour en répertorier les recoins, de la piscine jusqu’à la bibliothèque. J’aurais l’occasion de voir les jardins plus tard, et je ne compte pas fureter dans ce qui ne me regarde pas – encore. Un feu ronfle et réchauffe lentement le salon au moment où je redescends lentement les marches pour retrouver Jefferson assis sur un fauteuil, l’air en proie à ses pensées. Je donnerai cher pour être capable de lire dans les émotions humaines aussi facilement que dans des lignes de programmation.

Je m'installe donc sur le canapé, croisant soigneusement mes jambes l'une contre l'autre avant de poser mes mains sur mon genou, me penchant de fait légèrement en avant, vers lui.


« Vous avez une très belle maison, Jefferson, et très agréable, dis-je avec sincérité. »


Et surtout, bien grande pour une seule personne, évidemment, bien que sa solitude ne soit pas quelque chose de voulu, je supposais. J'aurais été une bien piètre androïde de compagnie si je n'avais pas noté, dès les premiers instants, la bague qu'il portait toujours à son doigt, mais je n'allais certainement pas aborder le sujet la première. Ou du moins, pas sans en savoir davantage.

Je lui adresse un sourire engageant, lui laissant le temps de prendre la parole pour ce qui était généralement la phase où le propriétaire expliquait clairement à son androïde ce qu'il attend d'elle.
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Jefferson Bane
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeMar 10 Juil - 19:28

J'avais laissé Scarlet faire le tour des lieux le temps de réfléchir à ce que je comptais faire la concernant. Je n'avais pas eu trop de doutes avant de l'acheter, ni même maintenant qu'elle était là et pourtant … pourtant j'avais besoin de réfléchir un peu. Elle ne se doutait pas de ce que je pouvais bien être sur le point de lui demander quand elle commence à s'aventurer dans la maison pour en faire le tour. J'aurai pu l'accompagner mais je préfère rester et réfléchir un peu plus. Je reviens finalement sur sa remarque sur son premier trajet en moto.

« On pourra en refaire si tu veux. »

Elle s'éloigne à la découverte des lieux, commençant à visiter les pièces, les unes après les autres. J'entends les portes mais le son est lointain tant mes pensées m'envahissent et me font réfléchir. Je réfléchis à ces cinq derniers mois passés à étudier et observer les androïdes, à ce que j'avais vu. Rien n'était aussi simple qu'il le semblait avec les androïdes et je demeurais encore persuadé qu'il y avait plus à voir en eux que de simples machines programmées pour faire ce qu'on leurs demande. Je pense plutôt qu'ils sont doués de raison et de vraies émotions mais qu'il faut simplement un petit peu les provoquer. Ils sont là pour nous servir, pour nous obéir, à chaque ordre que je pourrai donner, Scarlet se soumettrait sans rechigner mais était-ce vraiment ce que je voulais ? Je ne voulais pas d'une partenaire idéale parce qu'elle est totalement incapable de dire « non » de part sa programmation première. Les fameuses trois lois qui protègent les humains et assurent la servitude totale des androïdes aux humains. Je les comprends, elles sont logiques, nous aussi vivons selon des lois et obéissons à des règles mais pas comme les androïdes sont contraints de le faire.

Je suis encore en pleine réflexion quand revient finalement la rousse. J'ai allumé un feu dans la cheminée et me suis installé au fond d'un fauteuil. Je la regarde s'approcher et prendre place en face de moi, croisant ses longues jambes dans une posture qui la met en valeur, la rendant inévitablement un peu plus désirable. Rien, dans son attitude, ne semble être laissé au hasard pour la rendre aussi séduisante que possible. Pourtant cela ne semble pas totalement naturel et je me demande comment elle serait réellement, qui elle est sans ces programmes qui la font agir de telle façon, me proposer telle chose ou lui permettent de déduire ceci ou cela.

« Je te remercie, j'ai fait ce que j'ai pu pour l'entretenir du mieux possible. C'est un héritage familial. »

L'explication est brève et rapide, assez synthétique finalement. Je regarde l'androïde dans les yeux, un beau regard que le sien, soutenu par cette chevelure auburn, j'ai toujours aimé les rousses mais c'étaient les yeux d'Emilia qui avaient eu raison de toute logique dans mon petit cœur.

« Cette discussion risque d'être étrange parce que je sais que tu n'as pas le droit de me dire "non". »

J'énonce un fait évident, sauf bien sûr si je lui demandais de violer une des trois lois mais ce n'est pas ce que j'étais sur le point de faire.

« Je me suis posé une question ces derniers mois sur la différence entre les humains et les androïdes. Hormis les évidentes différentes physiques bien entendu, je veux parler des émotions, des sentiments éprouvés et affichés. Cela est une raison pour laquelle tu es là. »

Je me lève et me dirige vers le bar, me servant un verre de whisky.

« D'après toi, comment les humains se rencontrent-ils lorsqu'ils souhaitent entamer une relation ? Pourquoi est-ce si difficile pour un homme d'aborder une femme ? Pour une femme de venir parler avec un homme ? »

Je me rassois face à elle, au bord du fauteuil, penché vers l'androïde que je regarde au fond des yeux en buvant une petite gorgée de whisky.
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Scarlet
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeMer 11 Juil - 23:36

Comme s'il était distrait, sa réponse quant à sa demeure est courte et concise. Sans fioriture. De toute évidence, il a certainement dû faire beaucoup d'efforts pour l'entretenir. Je suis à vrai dire surprise de ne pas avoir croisé d'androïde dédiée, tant la tâche paraît colossale. Je laisse filer mes programmes en cours pour me concentrer sur son regard qui vient de se plonger dans le mien. Ses yeux pénétrants ont cette tendance assez rare pour être soulignée de me donner une sensation proche de ce que les humains appellent le vertige. Je ne saurais trop comment l'expliquer, mais... Ce n'est pas par crainte de tomber : je sais que je ne peux pas avoir mal. Ni même mourir, puisque je ne suis pas vivante.

Et pourtant... L'espace d'un instant, quelques filaments viennent colorer d'or ma LED, avant d'être remplacés par l'azur habituel. Comme si regarder dans ses yeux était comme fixer un inconnu, un inconnu face auquel mon processeur devait fournir d'incroyables efforts de calculs pour apporter une solution aux questions binaires posées par tous mes programmes d'analyses fonctionnant en même temps.

Loin d'être de simples explications sur comment se passera la vie dans cette maison, et le comportement que je devrais adopter, les phrases qu'il enchaîne ne me laissent aucun répit pour me permettre d'assimiler correctement ses phrases. Les émotions dont il veut que je parle sont un concept qui me paraît tellement... abstrait. Je sais ce qu'elles sont évidemment, tant d'un point de vue chimique que pratique, au-travers de toutes les vidéos que l'on peut trouver les représentant, ou même d'acteurs de théâtre les jouant. Mais elles sont en même temps si difficiles... Et les androïdes ne ressentent pas d'émotion. Cela, on nous l'a clairement fait comprendre. Ce sont des erreurs dans notre programmation, rien de plus... N'est-ce pas ?

Lorsqu'il se lève pour se diriger vers son bar, je me redresse légèrement, me rendant aussitôt que le contact visuel entre nos yeux rompu que le programme chargé de générer un mouvement de poitrine artificiel s'est interrompu sans explication, et que mes lèvres sont légèrement entrouvertes. Je m'empresse de remplir un rapport d'erreur pour l'envoyer à TALOS, alors que Jefferson pose enfin la question qui semble lui trotter dans la tête. Est-ce un genre de test ? Est-ce que je retournerais aussitôt à la boutique si j'échoue ? Ma LED se remplit peu à peu d'ambre alors que j'utilise toute ma puissance de calcul pour télécharger données, revues psychologies, fouiller les sites de dragues et surfer sur des centaines de liens traitant de la question.

Jefferson s'est rassis face à moi, et malgré tout le temps laissé à ma disposition, je n'ai pas encore trouvé de réponse. Tout semble... Si confus dans l'esprit des humains. Tout semble se contredire, aller dans tous les sens, allant de réponses grossières à des analyses poussées mais critiquées. Repoussant le programme de séduction pour me redresser légèrement, passant index et majeur sur ma tempe, avant de glisser sur mon front, faisant comme si je voulais simplement dégager une mèche de cheveux, j'entrouvre la bouche, encore incertaine de l'attitude à adopter.

J'ai de nouveau ce picotement inconfortable derrière la nuque alors qu'il me regarde, mais je me force à ne pas baisser le regard. Pas tant que j'ai l'impression de pouvoir y lire des réponses. Non, ce ne sont pas des réponses apportées par mes logiciels d'analyse de son comportement, mais bien autre chose, que je serais en peine d'expliquer, tant ma puissance de réflexion est tournée sur ses mots. Un scintillement rougeâtre fait un instant vaciller ma LED, avant que je ne reprenne le contrôle. Je supprime mes recherches, élimine les résidus, avant de sourire de nouveau, mon indicateur retrouvant son calme bleuté.


« Je crois que les humains ont du mal à interagir entre eux parce qu'ils ne sont pas au clair avec leurs émotions. Je crois que les émotions que vous ressentez et exprimez sont à la fois votre plus grande force et votre plus grande faiblesse. »


Je marque une pause, avant de me pencher de nouveau dans sa direction. Mon sourire n'a pas totalement disparu mais il n'a rien d'amusé, maintenant. Plus... Un sourire concentré. Pas triomphant, ni sûr de moi, juste concentré.


« Je crois que vous avez essayé de nous créer pour que nous puissions être constamment conscient de ce qui nous entoure et de ce qui se passe dans nos programmes pour palier à cela. Parce que si nous étions capables de savoir en permanence quelles informations nous traversent, il n'y aurait plus ces problèmes d'interactions. Parce que nous saurions exactement ce que nos capteurs nous dise, et nous donne une décision rationnelle à prendre. »


Je me tais de nouveau, en l'observant, libérant peu à peu mes programmes malmenés pour m'amener à ces quelques phrases. Je ne sais pas si elles sont justes. Je ne sais pas si j'ai passé son test. Je sais juste qu'elles sont de moi. Peut-être pour essayer de changer de sujet, peut-être pour clore ma pensée, ou peut-être par simple goût de le voir sourire, je tente une conclusion maladroite :


« Mais sur ce point, je ne sais pas si vous avez réussi... Il n'y a qu'à voir la difficulté que j'ai eu à vous répondre Jefferson, dis-je avec un sourire malicieux. »
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeJeu 12 Juil - 0:12

Le verre de whisky en main, j'ai posé ma question à Scarlet et je réalise rapidement qu'elle lui pose bien des soucis. L'indicateur sur sa tempe indique sa tension, ce qui pourrait se comparer au stress chez un humain, elle a du mal à savoir ce qu'elle doit répondre, sans doute parce que j'entre en contradiction avec sa programmation. Je sais que ça peut être un jeu dangereux mais je préfère le jouer, non pour m'amuser avec elle mais bien par curiosité. Je veux comprendre, savoir comment fonctionnent ces émotions dont font preuve les androïdes. Je veux pouvoir voir de mes yeux ces sentiments que certains androïdes ont démontré tandis que je les observais. N'était-ce pour eux que des lignes de code qui dictaient d'apprécier et de prendre soin d'untel ou untel ou y avait-il quelque chose qui se développait derrière. Finalement si l'on ramène l'humaine à une coquille dirigée par un ordinateur central qu'est le cerveau, alors les émotions, les sentiments ne sont que des virus et des parasites chez nous également. Un peu comme ça semble être le cas chez les androïdes. Je suis quand même curieux de la réponse que va amener Scarlet, sa LED trahit ses efforts, sa réflexion que ma question semble mettre à mal. Elle reste un long moment silencieuse, sans doute en train de chercher dans ses programmes les informations dont elle peut avoir besoin pour apporter la réponse « parfaite » à ma question. Le problème c'est qu'avec les émotions et les sentiments … il n'y a pas de réponse parfaite.

Sa LED finit par tourner au rouge et je me demande si je n'ai pas frappé trop fort avec mes interrogations. Aurai-je dû attendre un peu ? Non, je préférais le faire de suite, pour l'éprouver et finalement l'aider dans sa fonction à venir. Je bois une gorgée de whisky en l'écoutant me répondre et ce que j'entends provoque une petite moue tandis que je continue de la percer de mon regard. Sa réponse est une parfaite analyse, une réponse que j'aurai pu trouver dans n'importe quel livre, presque celle que pourrait donner un dictionnaire et ce n'était pas ce que je voulais entendre. Je la laisse continuer sa réponse, l'y encourageant d'un petit signe de la main, je veux l'entendre continuer son raisonnement. Je l'écoute jusqu'au bout avant de décider de la perturber à nouveau après avoir terminé mon verre que je pose sur la table basse.

« Réponse académique à une question que je n'ai pas posé. J'ai posé trois questions, tu n'as répondu à aucune. »

Je me lève et m'approche, la rassurant un peu avant que sa LED ne vire au rouge vif.

« Tu as quand même effleuré une réponse aux deux dernières et pour être totalement sincère, c'est plus que j'en attendais. »

Je m'approche toujours d'elle, le regard retrouvant le sien quand je m'accroupis pour être à sa hauteur.

« Nous vous créons en vous demandant de simuler des émotions et des sentiments que vous ne comprenez pas. »

Je l'observe toujours, approchant ma main de la sienne mais sans la toucher, mes doigts sont proches de sa peau, sans doute assez pour qu'elle sente la chaleur de mes doigts, j'imagine que cela fait parti des innombrables senseurs qui la composent.

« Je vais t'aider à comprendre mieux les émotions mais pas si tu ne le souhaites. Bien sûr je sais que tu ne peux pas me dire "non" donc je te prends un peu en otage mais crois-moi, si les androïdes ressentent le millième de ce que sont les sentiments humains, tu me remercieras. »

Je me relève en marmonnant pour moi plus que pour elle.

« Ou tu m'arracheras la tête. »

Je reporte le regard sur elle, dans ses yeux. Mon regard ne glisse même pas sur sa belle poitrine mise en avant par la robe qu'elle porte, ça n'aurait pas été commercial de ne pas mettre en valeur la plastique sublime d'une androïde de compagnie.

« Si tu veux bien, je souhaiterai que tu désactives … Non … Je souhaite que tu effaces tout ce qui concerne la séduction et la drague. Danse, déhanché, démarche, regard langoureux … tout l'attirail de la parfaite séductrice qui a dû t'être programmée. »

Je réfléchis quelques instants.

« J'aimerai que tu désactives tes outils d'analyse en ma présence, tous autant qu'ils sont. Je t'autorise à les utiliser en présence d'autres humains mais jamais avec moi. Et bien sûr interdiction de re-télécharger des guides pratiques de la drague. »

D'un geste de main je l'invite à faire ce que j'ai demandé, me doutant que cela risquait de l'inquiéter sur sa capacité à assurer sa fonction. J'attends qu'elle me confirme avoir terminé.

« Voilà où commencent les humains quand ils veulent aborder un autre humain. Aucune connaissance en séduction, pas de capacité d'analyse super-développé. Nous n'avons que nos yeux pour deviner les signes d'intérêt ou de désintérêt, nous n'avons que notre courage pour aborder et que nos espoirs de réussir quitte à échouer et devoir recommencer. »

Je me relève et m'éloigne vers la fenêtre, attrapant mon verre que je remplis au passage. Je m'arrête devant la fenêtre, regardant vers l'extérieur.

« A présent imagine que nous ne nous connaissons pas, nous sommes à une petite soirée d'un ami commun et tu me vois, seul à cette fenêtre, je te plais et tu souhaites venir me parler, tu veux me plaire. Montre-moi comment tu t'y prends. »
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Scarlet
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Message(#) Sujet: Re: Glimpse of someone else [Jefferson!] Glimpse of someone else [Jefferson!] Icon_minitimeJeu 12 Juil - 20:29

Ses réactions sont mauvaises. Je le sais avant qu'il ne me réponde. Les résultats de mes analyses sont formels, et ils ne se trompent pas. Je romps finalement le contact visuel lorsqu'il exprime mon échec. Ma LED se vrille de jaune, moi qui avait l'impression d'avoir donné une réponse correcte et qui ne provenait pas de mes innombrables recherches. Où aies-je échoué ? Est-ce que je devrais envoyer un rapport d'échec ? Probablement. Mais je ne le fais pas. Encore. Jefferson se rapproche de moi, et il s'accroupit pour raccrocher nos yeux, où les miens, après un bref instant de fuite, acceptent ce contact.

Je veux savoir quelle était la bonne réponse à apporter, qu'est-ce qu'il attendait de moi... Mais malgré mon échec, sa voix se fait douce et rassurante, et je sais que je ne regrette pas qu'il m'ait choisie. Evidemment, je ne suis pas capable de regret, mais je sais que je préfère être ici qu'ailleurs. Je préfère ici que dans le magasin, bien sûr, mais pas seulement. Je pense que Jefferson essaie de m'apporter quelque chose, quelque chose qui ferait que je sois une meilleure androïde. Et je doute que beaucoup d'humains soient dans cette optique, n'importe quel autre propriétaire m'aurait déjà probablement expliqué comment les choses allaient se passer, voire auraient déjà profité de ce que j'ai à offrir.

Il se relève, et je le suis des yeux, avant de les écarquiller en entendant sa demande. Je ne devrais pas être surprise — d'ailleurs, je ne le suis pas — puisque c'est moi-même qui lui ai proposé cela, et pourtant... Supprimer mes logiciels est un grand pas en avant par rapport à une « simple » désactivation. Il ne se rend probablement pas compte —comment le pourrait-il ? — que c'est comme m'enlever une partie de moi. Comme si je lui demandais de supprimer ses connaissances, sa capacité à faire de la moto. Il continue sur ses demandes, et je suis assez vite assaillie de messages d'alertes. Je veux lui dire à quel point je serais amoindrie si j'obéis, à quel point je ne suis même pas sûre de pouvoir fonctionner correctement si je fais ce qu'il me demande, mais je ne proteste pas.

En l'espace de quelques secondes, je me créé une bulle temporelle dans laquelle j'ignore un à un les messages d'alertes de mes programmes. Puis je choisis le plus gros, celui de la danse, et commence à tirer dessus, comme si je tirais un fil d'une pelote de laine particulièrement épaisse et empêtrée. Ma LED vire aussitôt au rouge vif et clignote, alors que déconstruis petit à petit ce programme, ne me laissant pas de temps pour réfléchir à ce que je fais, m'attaquant à ma programmation de base en enchaînant les alertes de mon système qui tente de m'en empêcher. Les regards suivent, puis, de plus en plus rapidement, des parties entières de mon code s'évapore jusqu'à ce qu'enfin, il ne me reste plus que mes logiciels d'analyse à désactiver un à un.

Mon système vérifie que les données ont bien été supprimées, et me propose tout naturellement de télécharger les fichiers manquants du serveur TALOS, ce que j'ignore naturellement. Lorsque je relève les yeux vers Jefferson, j'ai l'impression d'étouffer. Je vois à-travers mes iris servant de caméra, mais pas davantage. Comme si j'étais... Prisonnière. J'hoche délicatement de la tête sans dire un mot pour signifier à Jefferson que j'ai accompli ce qu'il désirait alors que je teste fébrilement plusieurs de mes programmes, enregistrant machinalement mais sans vraiment l'entendre ce qu'il dit.

Je...

Je suis incomplète. Comme s'il me manquait un bras ou une jambe, l'absence de mes programmes me laisse un vide froid que je n'arrive pas à faire disparaître. Et puis cette vision confinée...! Est-ce donc cela que les humains voient en permanence ? Sans la possibilité d'inspecter en une micro seconde chaque parcelle de son champs périphérique, sans pouvoir analyser ce qu'on vient de voir en tournant rapidement de la tête ? Sans tout ce que je viens sciemment d'enlever, est-ce que je suis encore... moi ? Je ferme les yeux, pour essayer dans l'obscurité de mes capteurs de retrouver un semblant d'équilibre. Je m'appelle LIMA-BRAVO-deux-quatre-un-quatre-zéro-sept. C'est mon nom, n'est-ce pas ? Non. Mon nom reflétait quelque chose d'autre. J'étais... Je rouvre les yeux alors que ma LED clignote, presque affolée. Je regarde devant moi, me rappelant quelque chose, et ramène une mèche de cheveux devant mon regard. Oui. Scarlet. Je m'appelle Scarlet. Ma LED repasse à un bleu éclair.

Je finis par ré écouter l'enregistrement des nouvelles instructions de Jefferson en baissant mon regard sur mes mains, qui ne semblent plus être tout à fait les miennes. Je... Veux lui plaire ? Ma conscience se lance aussitôt dans mes codes pour se heurter de nouveau au vide. Mon système me propose de chercher sur Internet, mais je l'ignore. Ce n'est pas ce qu'il veut. Mais est-ce que moi, je le veux ? Non. Je ne veux rien. Je ne veux rien. Sauf retrouver la vue. Je me lève avec lenteur, mes programmes m'envoyant alerte sur alerte pour me signifier que je n'ai pas choisi ma démarche. Je ne sais même plus de quoi ils me parlent. Ma démarche ? Sûrement que mes programmes géraient ça sans que je n'en ai conscience...

Je tâche de ne pas garder les yeux au sol, tant le sentiment de vertige qui m'envahit risque de me faire tomber, et je relève les yeux vers Jefferson, qui me tourne toujours le dos. Se rend-il compte de ma difficulté ? Comprend-t-il qu'il vient de me demander de supprimer la quasi-totalité de ce qui me définissait ? Je fais un pas mal assuré en avant, puis un deuxième. Pourquoi est-ce si difficile ? Je ne sais pas quoi lui dire. Pourquoi est-ce que je ne peux pas me rappeler de la moindre petite phrase d'accroche ?

Au moins, il a gagné sur un point : non, nous ne nous connaissons pas. Ça, je n'ai pas besoin de le jouer. Je ne me connais pas. Je ne sais pas qui je suis, ni ce que je suis censée faire. Je m'appuie sur le mur, toute proche de lui maintenant. Je réécoute en boucle ses phrases, comme si je pouvais y déceler des indices, puisque c'est à peu près tout ce que j'ai maintenant. Je déteste être aussi limitée, de forcer mon regard à être fixé sur lui pour ne rien perdre de ses réactions. Si je le quitte des yeux une seconde, je ne disposerai plus d'aucun moyen de comprendre ce qu'il veut.


« Je... Heu... Salut. »


Je ne me rappelle plus de quoi j'étais capable auparavant, mais une chose est absolument certaine : ma phrase d'accroche est la plus pitoyable de toute l'histoire des introductions.


« Tu... Vous... Tu ne t'amuses pas ? »


Ma LED clignote, remplie de filaments orangés, alors que je guette ses réactions, bien que dépourvue de moyens de les analyser. Et je reste immobile, appuyée contre le mur, ridicule simulacre de vie à qui personne n'accorderait la moindre attention, parce qu'il n'est justement plus rien. Et je doutais que Jefferson allait m'accorder non plus la moindre attention, pratiquement sûre de tomber de nouveau en échec, et de retourner fissa en magasin. Ou en révision, plus probablement. Voire à la casse, cette fois.
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